MODEM : la dure réalité
Nous sommes le dimanche 22 avril 2007 il est aux alentours de 20 heures lorsque le résultat du premier tour des élections présidentielles tombe, le duel tant attendu (par les journalistes) aura lieu : Sarko vs Ségo.
Mais l'évènement pour certains(es) vient du troisième rang ou plutôt du centre, avec 18,57 % des bulletins de vote François Bayrou réalise un des scores historique de l'UDF, ce soir là il pense enfin tenir sa légitimité : “Il y a enfin un centre en France : un centre large, un centre fort, un centre indépendant” déclare t-il sur de son fait.
Sait il à ce moment là que les français lui ont peut-être fait un cadeau empoisonné, dans une république ou la constitution a été pensée et conçue pour le bipartisme, là ou les législatives post-présidentielles ne laisse que peu de place aux troisièmes hommes...
Non il se dit que c'est le moment (enfin) de créer son parti et d'en finir avec les reliques de la vieille garde UDF qui l'a toujours dénigré et rejeté. Dans un coin de sa tête a du résonné ce dicton qu'il affectionne : "Lo biarnes qu’ey praube, mes no baxe cap", « Le Béarnais est pauvre, mais il ne baisse pas la tête ».
Lui le fils d'agriculteur béarnais, l'éleveur de chevaux s'est enfin senti riche ! Riche de ses 7 millions de voix du premier tour, se payant ainsi le luxe de s'inviter aux débats d'entre deux tours, une première...
Les deux semaines suivantes verront, évidemment, Sarkozy et Royal se battre pour les voix du centre, cette dernière acceptant à l'inverse du premier un débat avec Bayrou... espoir et illusion.
Du côté des militants UDF c'est l'expectative "Mais pour qui voter si nous sommes au centre ?" (se sera Sarkozy par défaut) et surtout comment cohabiter avec ces nouveaux électeurs venant de gauche ? Qui sont-ils ? D’ex socialo trop progressistes pour le socialisme à la française ? Suivront-ils les consignes de vote lors des prochaines échéances électorales ? "Le doute est le père de la création" dit Galilée.
Cette incertitude va se ressentir sur l'ensemble de la hiérarchie du parti centriste, excepté à sa tête, car pour Bayrou c'est clair, il suit sa ligne de conduite : "je ne donnerai pas de consigne de vote, je ne veux pas entrer dans ce genre de mécanisme". Malheureusement pour lui c'est également clair pour les élus UDF, jamais ils ne voteront pour Ségolène ! Plutôt pactiser avec le diable ! Et ils l'ont fait.
En leur laissant une liberté totale François Bayrou leur a également laissé la possibilité de "vendre" leur appui en vue des législatives. Pensait-il alors qu'ils seraient les premiers à prendre leur carte du Modem et à se battre à ses cotés pour que ce parti soit dignement représenté à l'assemblé nationale. Il sait également que pour exister politiquement un groupe parlementaire est un minimum nécessaire ! C’est en tout cas ce que pense sa directrice de campagne Marielle de Sarnez : "Tous ces élus formeront demain le nouveau Parti démocrate"
Devant le rejet brutal des origines idéologiques de l'UDF, devant la grande ouverture à gauche et devant l'entêtement de son président (notamment vis à vis de Sarkozy) la majorité des parlementaires UDF (les plus influents) ont préféré se retirer du projet d'un grand parti du centre, ouvert à tous, mais également cible de tous ? Es ce la peur de perdre leur mandat ? La peur de l’inconnue (faire partie d'un nouveau parti sans histoire, sans références historiques et sans dogmes) ?
Ou le fait que pour la première fois les électeurs, militants et élus centristes ont été obligé de se regarder en face, d'assumer leur sensibilité, leur vision des choses, leur manière de faire et vivre la politique, de voir qu'ils sont tout simplement de droite et que le centrisme n'est peut être qu'une utopie.